Barbelé d'un camp de concentration.

La Fiancée de Guy Môquet raconte

La Fiancée est un roman graphique dont la sortie en octobre 2021 coïncide avec le 80e anniversaire de l’exécution de Guy Môquet, jeune résistant français pendant la Seconde guerre mondiale. Partant des souvenirs d’Odette Nilès, son « amoureuse » au camp de Choisel, ce bel ouvrage évoque le quotidien des opposants politiques dans les camps d’internement et l’engagement de la jeunesse dans la résistance contre l’Allemagne nazie.

L’histoire d’une lettre

Le nom de Guy Môquet, jeune communiste arrêté en octobre 1940 à Paris puis fusillé un an plus tard alors qu’il n’a que 17 ans, est bien connu. En 2007, le président français Nicolas Sarkozy avait décrété que la lecture de la lettre d’adieu adressée par Guy à ses parents serait rendue obligatoire dans l’enseignement secondaire, créant une polémique sur les risques d’instrumentalisation de l’histoire.

Ce que l’on sait moins, c’est que Guy Môquet avait également écrit une autre lettre d’adieu. Celle-ci était adressée à « ma petite Odette », son amoureuse rencontrée au camp de Choisel à Châteaubriant (Loire Atlantique). Tous deux y sont internés pour leurs actes de résistance contre l’occupant allemand. Le texte de cette lettre, joliment reproduit à l’identique dans une petite enveloppe collée à la couverture cartonnée de l’album, est le point de départ du récit, partiellement biographique, de La Fiancée.

« J’avais dix-sept ans et je venais d’être condamnée à mort pour une manifestation qui n’avait pas eu lieu »

L’autrice Gwenaëlle Abolivier choisit de faire parler Odette à la première personne, en s’inspirant des souvenirs partagées par cette dernière. Plus que sa courte idylle adolescente avec Guy Môquet, c’est la vie quotidienne au sein du camp de Choisel qui l’intéresse. Comment ces jeunes gens à peine sortis de l’enfance ont-ils réagi à leur enfermement ? Odette, élevée comme Guy par des parents communistes, est condamnée à mort pour avoir distribué des tracts appelant à manifester contre l’occupant. Sa peine est ensuite commuée en internement.

Loin d’être sombre, La Fiancée évoque avec une certaine nostalgie les idéaux de ces jeunes résistants, et surtout l’incroyable solidarité qui les aidait à affronter le quotidien. Cours de langues, fêtes d’anniversaire, potagers clandestins… les détenus s’autogèrent dès que cela est possible pour créer des opportunités d’échange et oublier la dureté de leurs conditions de vie. Les dessins à l’aquarelle d’Eddy Vaccaro, où dominent les couleurs pastels et les camaïeux de bruns, apportent une certaine douceur au récit. Un resserrement temporel la veille de l’exécution de Guy Môquet fait monter la tension et laisse le lecteur avec un sentiment de profonde tristesse pour ces jeunes vies sacrifiées sur l’autel de la guerre. Odette, elle, a survécu. Elle a aujourd’hui 88 ans.

Merci aux éditions Soleil de m’avoir permis de lire ce livre au moment de sa publication officielle le 20 octobre 2021.

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