Motif floral évoquant les années 1970

La Belle époque, satire moderne sur l’éternel fantasme du retour dans le passé

La Belle époque est une comédie romantico-satirique qui se moque du présent, du passé, du couple, de la famille, et même du cinéma. Malgré un côté outrancier et caricatural, le film de Nicolas Bedos fait rire et réfléchir, notamment grâce à quelques dialogues savoureux.

Revivre la première rencontre

Marianne (Fanny Ardant) a la soixantaine. C’est une femme brillante, toujours active et tournée vers l’avenir. Elle ne supporte plus Victor (Daniel Auteuil), son mari, dépassé par les évolutions technologiques et indifférent au succès de son fils, un producteur de séries en ligne. Au moment où Marianne décide de mettre Victor à la porte, celui-ci se voit offrir un cadeau un peu particulier : la possibilité de retourner dans le passé, le temps d’une journée, à une période de son choix.

Esseulé, Victor choisit de revivre sa première rencontre avec sa femme, en 1974. C’était pour lui « la belle époque », celle où ils étaient encore jeunes et amoureux. Après avoir revêtu son costume seventies, il rejoue la scène de sa rencontre avec Marianne dans un café à l’aide d’une jeune actrice, Margot (Doria Tillier), censée incarné Marianne quarante an plus tôt. Sans surprise, il tombe vite amoureux de l’actrice, et rechigne à mettre fin à cette reconstitution du passé, qu’il sait pourtant factice.

Une réalité parallèle addictive

Un peu à la manière du Truman Show de Peter Weir, Nicolas Bedos met en scène « un film dans le film » où « tout est faux ». Les acteurs sont filmés en train de jouer la comédie sans qu’on sache toujours s’ils parlent dans le cadre du rôle qui leur est attribué dans la reconstitution historique ou en tant que personnages d’acteurs/trices. Une ambiguïté renforcée par le côté « voyeur » du processus, puisque l’organisateur de ces reconstitutions historiques, Antoine (Guillaume Canet), observe en permanence les interactions entre acteurs et « clients ». Grâce à un système d’oreillettes, il téléguide les comédiens en temps réel, gardant ainsi le contrôle sur le déroulement du scénario.

En mettant en parallèle la nostalgie de Victor pour le passé et le goût de sa femme pour la réalité virtuelle, Bedos montre comment les mondes parallèles, quels qu’ils soient, deviennent vite addictifs pour les individus. Qui n’a pas rêvé de vivre dans un univers dont il garde le contrôle et écrit lui-même le scénario ?

Humour trash et amour vache

Malgré un pitch porteur et des dialogues souvent très drôles, La Belle époque pèche parfois par son humour outrancier. Après une première scène surprenante et carrément trash, le film multiplie les scènes d’amour vache au sein des couples Victor-Marianne et Antoine-Margot. Si la violence des disputes contribue souvent à l’effet comique, la répétition finit par agacer.

Daniel Auteuil parvient néanmoins à rendre son personnage attendrissant et à emmener le spectateur avec lui. Bien rythmé et soutenu par une bande-son entraînante, La Belle époque offre au final un bon moment de divertissement.

Article original paru dans Le Suricate Magazine

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.