photo du château de Beloeil en Belgique

Hedwige de Ligne, princesse européenne au XIXe s.

La Princesse de Ligne : Un destin européen entre Pologne et Belgique de Madeleine Lassère (2012) est une biographie romancée très intéressante sur la vie d’Hedwige Lubomirska (1815-1895). Issue d’une grande famille de l’aristocratie polonaise, la jeune femme épouse en 1836 le prince belge Eugène de Ligne (1804-1880) et l’accompagne dans sa vie de diplomate et d’homme politique au service d’un pays alors fraîchement sorti de la révolution de 1830. Hedwige a alors tout juste vingt ans et rêve de voir la Pologne suivre le destin de la Belgique. Malgré un fort mouvement patriotique, le pays reste toutefois privé d’indépendance tout au long du siècle, morcelé entre Russie, Prusse et Autriche.

Rédigé sous la forme d’un journal intime fictif (« journal réinventé mais vrai »), directement inspiré des Souvenirs laissés par la princesse de Ligne, cet ouvrage est agréable à lire. Il nous fait découvrir le destin d’une femme emblématique de l’aristocratie européenne du XIXe siècle : cosmopolite mais défenseuse de l’idéal de l’État-nation, attachée à la restauration de la tradition monarchique mais séduite par les idées libérales, prisonnière des conventions sociales mais rêvant de grandes passions romantiques, en amour comme dans les arts ou en politique.

La démarche de Lassère a le mérite d’être didactique. Tout en ayant recours à un langage largement modernisé, l’auteure intègre dans son texte plusieurs extraits des Souvenirs ainsi que d’autres sources historiques telles que la correspondance de son mari Eugène de Ligne et de son prétendant malheureux Charles de Montalembert. À cela s’ajoutent de nombreuses notes de bas de page et des encarts explicatifs qui permettent au lecteur de situer les personnages et les évènements historiques. Malheureusement, Lassère ne donne que peu de détails sur l’état et l’étendue des sources qu’elle a utilisées et sur les choix qu’elle a effectués pour combler les « trous » dans cette vie bien remplie (Hedwige étant morte à près de 80 ans). Elle n’évoque son travail de « reconstitution » que brièvement en introduction et on aimerait en savoir plus.

Le principal intérêt de ce témoignage, certes en partie romancé, est de fournir un point de vue féminin unique sur les grands bouleversements du siècle, et de montrer la façon dont les femmes de la haute société, quoiqu’exclues de la sphère publique, contribuent indirectement à travers leur rôle d’épouse, de mère et de maîtresse de maison, à la conduite des affaires politiques des hommes.

J’ai aimé

  • La forme du récit en journal intime, le style accessible et très personnel, mêlant réflexions politiques et souvenirs plus intimes
  • Les notes et encarts explicatifs fournissant des éléments de contexte historique essentiels
  • Le magnifique tableau représentant Hedwige au château de Beloeil en 1844, en couverture de l’ouvrage

J’aurais aimé

  • Plus de détails sur les sources et sur le lien entre les aspects documentés et « inventés »
  • Quelques images pour illustrer le récit, par exemple un portrait d’Eugène de Ligne et une représentation du Château de Beloeil.

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