Le roi Léopold III (avant son accession au trone) avec sa femme Astrid en 1926

Et si la reine Astrid n’était pas morte en 1935 ?

La reine Astrid n’est pas morte à Küssnacht… est un roman d’histoire alternative de Stéphane de Lobkowicz. Publié en 2011, il imagine ce que la Belgique serait devenue si c’était le roi Léopold III, plutôt que sa femme Astrid, qui était décédé lors de l’accident de voiture du couple le 29 août 1935. Un récit amusant et intéressant pour les amateurs d’histoire de Belgique.

Léopold III est une figure historique controversée. Fils d’Albert Ier, le « roi Chevalier » qui s’est illustré en résistant aux Allemands pendant la Première guerre mondiale, il accède au trône en 1934. Suite à l’invasion allemande de mai 1940, il refuse de quitter la Belgique et de suivre le gouvernement en exil. Cette décision sera, entre autres, au cœur de la controverse générée par la « question royale » à la fin de la guerre. Accusé d’avoir trahi la Constitution et d’avoir manqué de patriotisme, il finit par abdiquer en faveur de son fils Baudouin en 1951.

Si Astrid avait survécu..

L’originalité de La reine Astrid n’est pas morte à Küssnacht… est de nous faire entrevoir l’impact qu’un autre monarque que Léopold III aurait pu avoir sur la façon dont la Belgique a vécu la Seconde guerre mondiale. Relations avec les Alliés, réaction au mouvement de décolonisation au Congo, participation des soldats belges au débarquement de 1944… L’auteur explore plusieurs aspects intéressants de l’histoire de Belgique au milieu du XXe siècle.

L’humour n’est jamais loin, et les pays voisins ne sont pas épargnés. De Gaulle serait-il parvenu à sortir de l’ombre si le maréchal Pétain avait fait le choix de la Résistance ? Les Alliés du Benelux auraient-ils pu organiser eux-mêmes un débarquement parallèlement aux opérations de Normandie ?

Malgré une image de la royauté un peu trop révérencieuse et des personnages qui manquent parfois de profondeur, la lecture du roman de Stéphane de Lobkowicz est distrayante et stimulante. Mieux vaut toutefois posséder quelques connaissances de base sur l’histoire de Belgique pendant la seconde guerre mondiale pour apprécier l’ingéniosité de l’auteur. L’annexe fournit d’ailleurs quelques informations utiles sur les faits tels qu’ils se sont véritablement déroulés.

J’ai aimé…

  • Les chapitres courts et l’action bien rythmée. On ne s’ennuie pas : le roman est ponctué de nombreux rebondissements.
  • Le style, très accessible, même si de Lobkowicz utilise un peu trop d’adjectifs qualificatifs à mon goût. L’utilisation fréquente de mots en italique est aussi un peu déconcertante par endroits.
  • [Attention, SPOILER !!] Le choix d’imaginer que le pouvoir aurait pu être transféré à une reine (régente), alors que la Belgique n’a connu jusqu’à présent que des monarques de sexe masculin.

J’aurais aimé…

  • une version un peu moins idéalisée de la monarchie en général et de la personne d’Elisabeth en particulier
  • des « méchants » (Hilter, Degrelle) avec un peu plus de profondeur psychologique, au-delà de la caricature
  • moins de lieux communs et de stéréotypes, comme par exemple dans la phrase « Comme toutes les femmes, la Reine avait des moments de mal-être physique qu’elle ne songeait pas à dissimuler à son cher Popold » (p. 21).

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