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Entretien avec Pierre Martin, auteur du roman « La stèle de Porsmoric »

Pierre Martin est né à Quimper en 1969. Docteur en histoire moderne, spécialiste d’histoire maritime du XVIe au XVIIIe siècle, il enseigne à l’Université de Bretagne Occidentale. La stèle de Porsmoric est son premier roman. Il s’agit d’un roman policier historique consacré à la première enquête de Jean Nédélec, colporteur en Bretagne sous le règne de Louis XIV. L’auteur nous en dit plus.

La stèle de Porsmoric est votre premier roman. Qu’est-ce qui vous a donné envie de passer de l’enseignement de l’histoire à la fiction?

Je suis universitaire et historien et je m’intéresse beaucoup à l’épistémologie, c’est-à-dire la philosophie de l’histoire. La relation de l’histoire et de la fiction est une question qui me passionne car je crois beaucoup à cette expression de l’historien Paul Veyne: « L’historien est un romancier du vrai ». Je travaille depuis 25 ans sur les sociétés maritimes de l’ouest de la France et des îles britanniques et j’ai ressenti le besoin de donner chair aux individus que je croise dans les archives et dont je ne connais que quelques bribes. L’écriture de ce premier roman historique est donc née d’une frustration liée aux carences des archives. J’avais besoin de faire  vivre ces personnages afin de mieux les comprendre.

Le règne de Louis XIV est une période populaire chez les auteurs de romans policiers historiques – je pense par exemple à Jean d’Aillon et Olivier Seigneur. Comment expliquez-vous cela ?

Je ne sais pas ce qui les anime, mais en ce qui me concerne le XVIIe siècle est mon sujet de recherches. C’est le cœur de mon métier. Ce qui me passionne, c’est la complexité de la société et des rapports sociaux. C’est aussi l’apogée d’un système politique en France, l’absolutisme de droit divin. Le renforcement du pouvoir royal est un sujet très inspirant. Et puis, le XVIIe siècle c’est le « siècle de fer et de feu ».  

L’intrigue de La stèle de Porsmoric fait la part belle aux traditions et légendes bretonnes. Diriez-vous que la Bretagne a vécu cette période de l’histoire différemment des autres régions de France ?

La Bretagne a un statut particulier  du fait de son intégration tardive au sein du royaume de France, ce qui lui confère certains privilèges. Contrairement au reste du royaume, c’est encore « un pays de cocagne » au XVIIe siècle, même si les crises se multiplient : politiques, frumentaires, révoltes. L’administration monarchique s’implante plus tardivement en Bretagne que dans les autres provinces. Les mentalités et les croyances y sont encore imprégnées de paganisme. Au XVIIe siècle, des missionnaires sillonnent la Bretagne pour instruire les bretons dans « la bonne foi catholique ». C’est donc un univers particulier.

Qui est votre héros, Jean Nédélec ? De qui vous êtes-vous inspiré pour créer ce personnage ?

Jean Nédélec est un jeune colporteur instruit et attachant, qui a déjà roulé sa bosse. Abandonné à la naissance dans un monastère, il est promis à une carrière de moine. Mais, à 16 ans, il quitte l’abbaye du Relec dans les Monts d’Arrée en Bretagne et s’engage comme matelot sur un navire corsaire à Roscoff. Il devient ensuite colporteur (marchand ambulant), puis enquêteur malgré lui. Il est le fruit de mon imagination et de mes recherches. En fait, c’est une sorte de synthèse.

Votre roman est le premier d’une série. Pouvez-vous nous donner un petit avant-goût des prochains tomes ?

Le second volume paraîtra en décembre 2022 ou en janvier 2023. Le personnage va évoluer, gagner en épaisseur. Il devient enquêteur et va se professionnaliser. L’écriture romanesque permet cela.

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