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Entretien avec Nadia Oswald, auteure de « La Femme qui ressuscite »

Née à Ajaccio (Corse) en 1991, Nadia Oswald passe une partie de son enfance en Haute-Savoie avant d’étudier la littérature anglaise et le journalisme à la Sorbonne et à l’Université de Corte. Elle habite aujourd’hui à Paris où elle travaille comme rédactrice et traductrice, notamment pour la presse quotidienne. Elle nous parle ici de son roman historique La Femme qui ressuscite, paru en mars 2018 chez Le Nouvel Attila.

Votre roman « La Femme qui ressuscite » est basé sur une histoire vraie. Celle d’une jeune femme, Anna Anderson, qui dans le Berlin des années 1920 se fait passer pour Anastasia Romanov, l’héritière de Nicolas II, dernier tsar de Russie. Comment en êtes-vous venue à vous intéresser à cette histoire ?

J’ai découvert l’histoire d’Anna Anderson par hasard en faisant des recherches sur Anastasia Romanov, dont l’histoire me passionne depuis longtemps. En lisant la biographie d’Anna Anderson, je me suis dit que son histoire était tellement incroyable qu’il ne manquait pas grand-chose pour en faire un roman ! La vie d’Anna Anderson, qui s’est déroulée sur plusieurs périodes historiques passionnantes, sur plusieurs continents, d’Europe en Amérique, ainsi que sous plusieurs identités, m’a semblé receler un potentiel littéraire d’une richesse rare.

Lors de vos recherches sur le sujet, avez-vous trouvé beaucoup d’archives sur Anna Anderson ? Quelles libertés vous êtes-vous accordées par rapport aux faits connus ?

Pour écrire La Femme qui ressuscite, j’ai travaillé à partir d’une importante somme d’archives, principalement des photographies et des journaux. Il existe un très grand nombre de photographies de la famille Romanov ainsi que de nombreux documents sur Anna Anderson. Essayer de faire le tri a été passionnant même si j’ai quelque fois eu peur de me perdre dans cette masse de documentation. J’avais parfois même l’impression de vivre dans les années 20 !

Pour ce premier roman, je n’ai pas beaucoup dévié des faits historiques. Je me suis servie des événements réels comme d’une trame à partir de laquelle tisser le récit. Néanmoins, puisque c’est un roman, il y a forcément une part d’invention, par exemple en ce qui concerne les sentiments d’Anna Anderson, ou quand il s’agit de combler les zones d’ombres laissées par les archives. J’ai aussi inventé quelques personnages ou joué avec les dates et les événements pour resserrer le récit. C’est notamment le cas avec la scène entre Anna Anderson et Maria, la fille de Raspoutine, leur rencontre ayant eu lieu en réalité beaucoup plus tard.

Le roman se situe pendant la période de l’entre-deux-guerres. En quoi votre récit est-il symptomatique de cette période ?

Le début de l’entre-deux-guerres, le moment où débute mon récit, marque l’effondrement des anciens empires européens, comme l’empire allemand et l’empire russe. Je trouve que le personnage d’Anna Anderson représente en quelque sorte l’état d’esprit de cette période. Il s’agit d’une femme perdue comme ses contemporains dans une sorte de chaos, ce que montre bien la perte totale de son identité. Elle est confrontée à la violence de son époque, sa supercherie est l’un de ses moyens de survie. Il me semble que les autres personnages sont aussi marqués par l’incertitude de leur temps. Prêts à se raccrocher à n’importe quel espoir après la révolution russe, ils veulent croire qu’Anna Anderson est Anastasia Romanov. Il y aussi la partie du roman qui se déroule aux Etats-Unis en 1928 et aborde l’entre-deux-guerres par son côté le plus flamboyant, les années rugissantes, juste avant la Grande Dépression. Ce qui m’a intéressé dans l’histoire Anna Anderson c’est comment elle a navigué à travers cette période de grands changements.

« La Femme qui ressuscite » est votre premier roman. Avez-vous d’autres projets d’écriture ?

J’ai comme projet un second roman historique qui se passe à Berlin. J’aimerais aussi me tourner vers des récits de fiction plus contemporains et inventer mes propres personnages. J’écris aussi des nouvelles…

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