photo d'une sculpture maorie en Nouvelle-Zélande

Les larmes de la déesse maorie : de la Nouvelle-Zélande à la guerre des Boers

Si vous aimez les romans historiques avec des personnages féminins forts et si le XIXe siècle vous passionne, difficile de faire l’impasse sur Sarah Lark, une auteure allemande (dont le vrai nom est en fait Christiane Gohl) connue pour ses nombreux best-sellers, dont Le pays du nuage blanc publié en 2007 et traduit en français en 2013. En juin dernier, les éditions L’Archipel ont publié Les larmes de la déesse maorie, la traduction française du troisième tome de la trilogie « Kauri », une saga historique se déroulant principalement en Nouvelle Zélande au tournant des XIXe et XXe siècles (1894 à 1904).

Pas besoin d’avoir lu les deux premiers tomes pour profiter du troisième. Le récit, qui alterne entre de multiples points de vue, suit principalement les destins de deux personnages : Atamarie, une étudiante maorie passionnée par les sciences et les prémisses de l’aviation ; et Kévin, un jeune médecin néozélandais engagé en soutien de l’armée britannique dans la guerre contre les colons néerlandais en Afrique du Sud (les Boers).

Si les premiers chapitres consacrés à Atamarie peinent à véritablement générer l’intérêt, les aventures de Kévin en Afrique du sud sont véritablement passionnantes. La description des combats, de la nature environnante, mais surtout des conditions de vie des militaires et des civils dans les camps de réfugiés, sont très bien documentées. Le roman permet ainsi de mettre en lumière un épisode très sombre de l’histoire contemporaine : la création, bien avant la Seconde guerre mondiale, de camps de concentration dans lesquels environ 20 000 internés, en majorité des enfants, trouvent la mort faute de soins médicaux appropriés. Une situation dénoncée entre autres par la britannique Emily Hobhouse (1860-1926).

Du point de vue du style, l’écriture est très fluide et accessible, mais manque parfois un peu de subtilité, notamment dans les dialogues des premiers chapitres qui ne semblent pas toujours très naturels. La longueur du roman est aussi un peu dissuasive (plus de 650 pages) mais on s’attache malgré tout aux personnages tout en prenant plaisir à découvrir l’histoire d’un pays qui reste assez méconnu en Europe. Ainsi, en plus de proposer des personnages féminins forts, le roman évoque à plusieurs reprises le mouvement féministe néozélandais, précurseur à plusieurs égards. Grâce à des femmes engagées comme Amey Daldy (1829-1920), les Néozélandaises ont en effet obtenu le droit de vote dès 1893, ainsi que le droit d’étudier à l’université (ce dont profite Atamarie).

Au final, les personnages et leurs intrigues amoureuses auraient pu être plus marquants. Mais Les larmes de la déesse maorie séduit par le dépaysement qu’il offre et sa dimension didactique au niveau historique.O

J’ai aimé…

  • La description de la Guerre des Boers (1899-1902) à travers le point de vue inédit d’un médecin militaire néozélandais
  • La découverte de la culture maorie et la description du choc culturel entre Maoris, colons néozélandais et Doortje l’immigrée boer
  • Le contraste entre les relations raciales en Nouvelle-Zélande et en Afrique du Sud

J’aurais aimé…

  • Une Atamarie un peu moins caricaturale, notamment dans la façon dont elle impose sa vision rationnelle et scientifiques des choses aux autres
  • Des premiers chapitres raccourcis (le livre fait plus de 650 pages)
  • Une alternance plus régulière entre les chapitres consacrés à Atamarie et à Kevin
  • Un seul point de vue par chapitre. L’utilisation de différents points de vue au sein d’un même chapitre, y compris pour les personnages secondaires, prêtent parfois à confusion.

Merci aux éditions L’Archipel de m’avoir permis de lire ce livre avant sa publication officielle le 6 juin 2018.

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