Photo en noir et blanc d'une rue de Berlin en ruines après la seconde guerre mondiale

Phoenix ou comment survire après les camps nazis

Phoenix (2014) est un film historique intéressant et troublant sur une survivante des camps de concentration qui, défigurée par la guerre, cherche à retrouver sa « vie d’avant » dans Berlin en ruines.

J’avoue que j’ai eu un peu du mal à « y croire » à certains moments. Même après une chirurgie faciale, est-ce qu’un mari peut vraiment ne pas reconnaître sa femme, et ne même pas douter un seul instant qu’il s’agisse d’elle, alors qu’ils passent plusieurs journées ensemble, qu’elle a gardé la même voix, le même corps, la même écriture ?

Ce problème de vraisemblance mis à part, le film est plutôt réussi. Il dévoile la face sombre de l’Allemagne d’après-guerre et les choix difficiles des Juifs allemands ayant survécu à la Shoah. Rester ou partir en Israël ? Comment vivre avec le souvenir du génocide ? Que peut-on et ne peut-on pas pardonner ? Dans Phoenix, aucune relation humaine n’est véritablement authentique, comme si l’horreur de la guerre et du nazisme avait détruit toute possibilité d’altruisme et d’empathie entre êtres humains. Lene, l’amie qui accompagne Nelly pendant sa reconstruction faciale, ne peut plus vivre dans cette Allemagne post-nazie et ne comprend pas le désir de Nelly de renouer avec son passé. Johnny ne pense qu’à l’argent, et ni lui ni les anciens amis de Nelly n’ont envie de savoir ce qu’elle a vécu dans les camps de concentration.

La trahison de Johnny est finalement peut-être moins cruelle que ce désintéressement total pour le sort des survivants des camps. Quant à l’obstination de Nelly, s’agit-il d’amour, de masochisme, de désir de comprendre, ou tout simplement d’un réflexe de survie ? La scène finale, très réussie, ne permet pas de trancher.

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