photo en noir et blanc représentant le couple Kennedy et le couple royal britannique en 1961

Les débuts de la saga des Kennedy… en BD !

Les Dossiers Kennedy est une saga familiale et politique qui ambitionne de retracer la vie personnelle et la carrière du « Clan Kennedy » sur quatre générations, à commencer par le patriarche Joseph « Joe » Patrick Kennedy (1888-1969), le père de JFK, nommé Ambassadeur des Etats-Unis à Londres par le Président Roosevelt en 1938.

C’est à « Joe Senior » que le 1er tome de la série est consacré. Né à Boston, « l’homme qui voulait devenir président » est d’abord un homme d’affaires dont la richesse l’amène à développer des ambitions politiques au sein du Parti démocrate. Dès son installation à Londres en 1938, Joe Kennedy se distancie de la politique du Président américain et se rapproche du Premier Ministre britannique Chamberlain dont il soutient la politique d’apaisement vis-à-vis d’Hitler, malgré les visées expansionnistes des Nazis vis-à-vis de l’Autriche et de la République tchèque.

Il reproche à Winston Churchill, alors en pleine ascension, d’être un « va-t’en guerre ». Son mot d’ordre : « War is bad for business » (« la guerre n’est pas bonne pour les affaires »). Mais cette conviction va plus loin et la bande dessinée dévoile des aspects moins glorieux et souvent occultés des biographies officielles du clan Kennedy. L’attitude pro-allemande de Kennedy, « le meilleur ami de l’Allemagne à Londres » (p. 26) l’amène à adopter une position ambiguë sur le sort des Juifs, comme le révèlent les archives officielles utilisées par Mick Peet pour développer son scenario.

Après une première collaboration avec le dessinateur néerlandais Erik Varekamp en 2003 pour

Agent Orange, une série historico-politique sur la vie du Prince Bernhard, les deux hommes reprennent ici la même formule avec succès, s’associant par ailleurs à l’historien Nigel Hamilton, auteur d’une biographie à succès sur John Fitzgerald Kennedy (JFK: Reckless Youth, publié en 1992), dont l’épilogue d’une quinzaine de pages offre un éclairage historique détaillé très intéressant en annexe.

Ambitions politiques, faiblesse pour les femmes, accidents tragiques… tous les ingrédients sont réunis pour offrir un récit haut en couleurs sans que la fiction n’ait besoin d’exagérer le réel. Sans prendre de libertés excessives avec l’Histoire, Peet exploite néanmoins certaines zones d’incertitude à des fins satiriques, contribuant ainsi à « casser le mythe », soulignant par exemple les mauvais choix personnels et politiques de Kennedy, de son amitié avec Charles Lindbergh (1902-1974), l’aviateur américain dont le rapport sur la Luftwaffe surestime largement les capacités aériennes de l’Allemagne nazie, à sa liaison avec Marlene Dietrich (1901-1992), quant à elle beaucoup plus critique à l’égard du nazisme.

Une entrée en matière très intéressante pour comprendre les coulisses de la diplomatie américaine à la veille de la Seconde Guerre mondiale, avant un deuxième tome qui promet de dévoiler les ressorts de l’engagement des Etats-Unis dans la guerre ainsi que le rôle de plus en plus important joué par les fils de Kennedy : Joe Junior, l’aîné, mais surtout John Fitzgerald dit « Jack », le deuxième fils à la santé plus fragile mais dont le destin exaucera les rêves de reconnaissance de son père…

Article original écrit pour Le Suricate Magazine

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